Tout semble annoncer de beaux jours pour la haute saison de cet été, avec notamment plusieurs come-back de touristes de différentes nationalités. Les professionnels du secteur attachent déjà leurs ceintures. Chiffres et témoignages. On vous dit tout.
Comme un oiseau qui déploie ses ailes avant de prendre son envol, le tourisme tunisien s’apprête, lui, à «survoler» la saison estivale qui l’attend. Haute saison par excellence, elle est aussi celle de tous les défis et — quand tout va bien — celle de la course aux records. La version 2024, notre tourisme ira l’affronter, pourvu d’acquis non négligeables qui s’illustrent par des scores éloquents réalisés en 2023 : 8,8 millions de visiteurs, soit 50% de plus qu’en 2022, et des recettes en progression de 28% par rapport à 2022.
Selon les mêmes statistiques publiées par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, les recettes ont également fait un bond de 8% au premier trimestre 2024 en comparaison de la même période de l’année précédente, pour atteindre 1,226 MDT.
Sous les murs de sa citadelle fleurie de l’avenue Mohamed-V, le QG du département de Tourisme, face à ce reluisant bilan, se remet aussitôt au travail, avec la conviction que, pour aller de l’avant, pas question de s’endormir sur ses lauriers. Une conviction que le ministre, Mohamed Moez Belhassine, n’a cessé d’exprimer pendant toutes ses visites d’inspection et de sensibilisation entamées depuis le mois de février un peu partout dans les établissements touristiques du pays, en prévision de la saison estivale. Tout au long de ce marathon, tout semble avoir été passé à la loupe avec les différentes parties concernées. En fin de compte, cette mobilisation d’ampleur a permis d’aplanir les ultimes difficultés qui émaillaient les préparatifs précédant la haute saison.
Sur les chapeaux de roues
Difficultés ? Oui, il y en avait ces dernières semaines. D’ordre humain d’abord, puisque la plupart des hôteliers, après le dur passage à vide de la basse saison, avaient à cœur de renforcer leurs effectifs, ce qui a poussé les ministères du Tourisme et de l’Emploi à intervenir conjointement. En s’adressant, à partir du 15 mars, aux hôteliers pour identifier leurs besoins en personnel. «C’est maintenant chose faite», assure Amir Ben Amara, directeur général d’un hôtel à Djerba.
Dans ce cadre, l’Agence de formation dans les métiers du tourisme, relevant du ministère et gérant 42 centres de formation, a joué un rôle capital, de l’aveu des professionnels du secteur. «Pour la prochaine saison estivale, nous avons mis à la disposition des professionnels, pas moins de 4.400 diplômés et stagiaires que nous avons formés», annonce le patron de ladite agence Ahmed Jmel, qui indique que «ce chiffre va sans doute augmenter à partir du 1er juin prochain, soit juste après les journées de l’emploi que nous comptons organiser le mois prochain», détaille-t-il, parce qu’il est de tradition que ce rendez-vous constitue une aubaine pour les hôteliers de consolider leurs effectifs, toutes spécialités confondues. «Voila qui est clair !
En parallèle, beaucoup d’unités hôtelières ont achevé les travaux de réaménagement et de rénovation, d’autres en sont en phase de finition. Ces travaux de relooking sont inévitables», estime Ben Amara qui promet pour les visiteurs de la Tunisie, en l’occurrence ses clients, un new-look agréable à voir, surtout pour les chambres.
Volet transport, le ministère concerné a, pour sa part, mis les bouchées doubles pour que les aéroports de Tunis-Carthage, Enfidha, Tabarka-Aïn Drahem, Tozeur-Nefta et Djerba-Zarzis puissent fonctionner à plein régime lors du pic estival. S’impliquant à fond de son côté, le transporteur national Tunisair a programmé quelque 17.068 vols, soit en progression de 19% par rapport à l’été dernier, tout en projetant d’utiliser 16 avions (contre 11 l’année dernière), de louer deux appareils supplémentaires et de rouvrir les lignes de Lisbonne (Portugal), Zurich (Suisse) et Nantes (France), outre le renforcement du trafic sur les dessertes traditionnelles.
Dans la foulée, les aéroports se sont offert un bain de jouvence, sous forme de travaux d’embellissement et de restauration qui s’imposaient depuis belle lurette. Il est vrai qu’ils représentent la vitrine du pays, la première impression à se faire par un touriste au moment de son débarquement en Tunisie.
Une saison prometteuse
Cette opération de charme fera-t-elle recette ? «Je peux répondre par l’affirmative», selon le président de la Fédération tunisienne des agences de voyage, Ahmed Bettaieb, qui nous renvoie au célèbre Salon international du Tourisme qui s’est tenu récemment à Berlin (Allemagne).
«Franchement, se félicite-t-il, notre délégation a réalisé une superbe campagne qui nous a permis d’enregistrer de nombreuses promesses de réservations à travers nos amis des tour-opérateurs allemands et européens». «Les mille agences de voyage, a-t-il ajouté, que compte le pays n’ont qu’à faire fructifier cet acquis, en travaillant de concert avec les hôteliers, en vue de gérer convenablement ce flux attendu». Le même optimisme est partagé par le président de la Chambre nationale des restaurants touristiques, Nejib Touhami qui pense que quasiment tous les indicateurs clignotent actuellement au vert, grâce à la stabilité du pays, aux nouvelles mesures incitatives prises par l’Etat et à la solide compétitivité de notre tourisme sur la scène internationale.
Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), il faut s’attendre à des records en 2024 après le 1,3 milliard d’arrivées de touristes dans le monde enregistrées en 2023 (contre 900 cents millions en 2022). Question : Quelle sera la part de la Tunisie? «Personnellement, je pronostique un meilleur score cet été», lance Fethi Soltana, directeur financier dans un hôtel de Mahdia, qui ne cache pas sa crainte de voir l’afflux imminent des touristes étrangers se répercuter négativement sur le tourisme local. «Si les statistiques officielles de 2023 ont démontré que le tiers des touristes à avoir visité la Tunisie étaient des Algériens, suivis des Libyens (24%)et des Français (10%), la tendance s’accroît de plus en plus vers la diversification des offres», rapporte M. Bettaieb, qui appelle notamment au développement des marchés russe, américain et chinois.
Plus de touristes russes, américains et chinois
Pour Nabil Khalledi, directeur général d’un hôtel huppé de la capitale, «ces trois marchés sont justement d’autant plus puissants et généreux qu’il faudra absolument les conquérir. Il suffirait seulement d’oser et faire preuve d’agressivité positive et de savoir-faire». D’ailleurs, on parle déjà de début prometteur, avec probablement l’arrivée, l’été prochain, de quelque cinq cent mille touristes russes et de soixante mille touristes américains, soit le double de l’été dernier. Cela sans compter, selon les mêmes prévisions, l’hypothèse d’enregistrer une amélioration des arrivées de la Chine, un pays qui, avec… 154 millions de ses touristes recensés par l’OMT en 2023, demeure un poids lourd du tourisme.
Autre créneau encore balbutiant : le tourisme alternatif. Pour l’été 2024, les professionnels du secteur lui prédisent un meilleur rendement, soit dans le droit fil des objectifs de «la stratégie 2035» élaborée par le ministère de tutelle qui vise, entre autres buts, la promotion du tourisme médical, saharien, culturel, sportif et de congrès. «Croyez-moi, le tourisme sportif commence précocement à porter ses fruits», assure Mme Hana Guenaoui, directrice des équipes nationales tunisiennes de beach-handball, un sport de plage en plein essor dans les cinq continents. «Nous ne cessons, explique-t-elle, de développer ce créneau, en faisant venir en Tunisie des sélections sportives européennes pour y disputer des tournois le long de nos côtes dans le cadre de conventions de partenariat. Et, ma foi, cela a fait du bien pour notre tourisme, puisque la majorité écrasante de nos invités sont plus tard revenus ici en touristes, soit en famille, soit en groupes d’amis».